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TRIBUNE DE HAMBOU
9 novembre 2013

ECOLE PRIVEE

9_EDUCATION_ECOLE_PRIVEE

L’analyse de Mohamed Ibrahim Abdallah *

Dans ces temps de début de l’année scolaire, nous devons nous arrêter un instant, pour réfléchir et procéder à un examen de conscience. Nous devons arrêter cette fuite en avant qui nous mène ou plutôt qui nous a menés vers une impasse.

Dans cette voie du laisser-aller et de l’irresponsabilité, il y a un sujet qu’on évacue pour ne pas le regarder en face et pour ne pas le traiter. Il s’agit de la privatisation à outrance de l’éducation et de la démission de l’Etat de la plus noble de ses missions : éduquer. La situation est venue à un niveau tel que l’ensemble de la population accepte ce fait accompli, en acceptant de vivre ce malheur dans le silence. Là encore, les Comores confirment leur statut de pays vraiment très spécial. C’est le seul pays au monde, je crois ne pas me tromper, où les effectifs de l’enseignement privé dépassent ceux du pub­lic. L’Etat note même dans son document national de référence, le DSCRP, qu’on compterait dans le secondaire, par exemple, 53 collèges publics contre 89 collèges privés et 10 lycées publics contre 62 établissements privés.

Les familles acceptent de s’endetter pour payer une éducation qui devrait être à la charge de l’Etat. Les autorités se taisent devant cette agonie de l’enseignement public en le laissant mourir sans lui offrir aucun traitement. Mais comme tout est possible dans notre pays, l’enseignement public aura droit à des funérailles de chef d’Etat.

Toutes les écoles privées ne se valent pas, je l’admets. Certaines accord­ent une grande priorité à l’intelligence, à la rigueur et à la qualité de l’offre péda­gogique. Je ne suis pas du tout contre l’existence d’un en­seignement privé, loin de moi cette idée. Ce que je trouve in­acceptable, c’est cette march­andisation de l’enseignement, où l’éducation est devenue un business très lucratif, ap­pauvrissant encore plus des familles qui baignent dans une précarité quotidienne, avec un coût économique et social qui maintient le pays dans le sous-développement. Un business qui abuse de la naïveté de certaines familles et dont le critère d’évaluation pédagogique dans certaines écoles n’est pas le niveau réel des élèves mais la régularité de paiement de l’écolage. Ce qui est encore très choquant, c’est de savoir qu’il y a des enseignants fonctionnaires, voire des hauts responsables du système éducatif qui pourraient détenir des intérêts dans les établissements privés. Ce mélange des genres où le juge est partie n’est pas dans l’intérêt du service public et de l’intérêt général auquel devrait concourir l’Etat. Un exemple chif­fré serait très parlant pour schématiser et illustrer le coût économique, sans offusquer le coût social qui n’est pas le moindre. Si on prenait 200 localités au niveau national comptant chacune 200 élèves étudiant dans le privé. Si le coût moyen par élève est 20 000 francs par mois, et bien le coût total économ­ique s’élèverait à 7,2 milliards par an. Où va cet argent ?

Ainsi devons-nous revenir à la raison. Les autorités, les hommes politiques en général doivent mesurer l’importance des enjeux et leur degré de re­sponsabilité devant l’histoire. La population quant à elle se doit d’être éveillé, d’exercer une pression citoyenne en rappelant aux autorités qu’ils ne sont que des représentants du peuple censés satisfaire leurs besoins. L’éducation est la clé du développement. Agissons maintenant avant qu’il ne soit trop…trop tard.

 

* M.I. Abdallah (Tcheik), Economiste du développement

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