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TRIBUNE DE HAMBOU
9 novembre 2013

HUMEUR

10_HUMEUR_F

Le cas NassabiaAthoumani

“Lettre ouverte à Madame la nouvelle procureure de la république”

« Un sentiment d’humanité, tumul­tueux et indigné, proteste en nous plein de bonnes intentions et récon­fortant pour qui souffre »

Thomas Mann,Joseph et ses frères, 1934

Madame la procureure,

Sans nourrir nullement l’intention de flat­ter votre égo, je tiens d’ores et déjà à vous assurer que la nouvelle de votre nomination en octobre dernier s’est prop­agée dans la capitale comorienne comme le signe avant-coureur de l’avènement d’une sorte de « printemps arabe »sinon l’annonce d’une révolution douce au palais de justice de Moroni. En effet, votre nom était de ceux, très rares pour ainsi dire, qu’on prononçait du bout de lèvres au moment où le bon sens inspirait de s’interroger sur l’éventuel successeur de l’ex-procureur, M. Mohamed Ousseine relevé à temps de ses fonctions. Autant la nomination de votre prédécesseur était considérée comme l’aboutissement d’un ensemble de manœuvres réussies ourdies par quelques courtisans du pen­sionnaire du Beit-Salam, autant la vôtre apparait à ce jour comme l’expression d’un vigoureux correctif de la présidence ayant sans doute pris conscience d’avoir été induite en erreur et soucieuse de se racheter. Votre nomination en particulier nous en sommes convaincus, n’a pas été négociée avec l’appui des dessousde table, comme apparemment celle de vo­tre prédécesseur, lequel a marqué d’une noire empreinte les annales judiciaires du Tribunal de Moroni par son mépris des lois et des requérants, son népotisme de clocher et l’arbitraire de ses interventions. Tribune de Hambou a fait les frais de la brutalité ordinaire de votre prédécesseur, ennemi du petit peuple contre lequel il sevissait.Combien aura-t-il fallu de cour­age au ministre de la Justice, Abdou Ousseni, pour évoquer enfin publique­ment ses « agissements qui ne sont pas dignes d’un homme de loi » (Al-Watwan Nº2281 du vendredi 4 octobre dernier).Mais combien il vous faudra, Madame, de courage également pour redorer le bla­son de l’institution et du poste dont vous êtes garante! Quel courage et quelle dé­termination en effet, vous faudra-t-il faire montre pour rendre justice au petit peuple incarcéré sans nulle forme de procès, en piétinant le droit, ruinant ainsi la cohésion familiale des dizaines de pauvres gens!

La tâche qui vous attend est ardue ; des machos- mais aussi des esprits étroits- tablent déjà sur votre échec à «bouger les lignes »avec vos mains de femme•T•Hne s’associe pas au concert des bêtises de ces minables visionnaires et tord vo­lontiers le cou à la grammaire même, mi­sogyne par tradition, qui nous fait déjà la fine bouche à cause de notre usage du terme Madame « la procureure » de la République.

En effet, nous vous croyons, madame la procureure, capable de défendre la cause des pauvres gens, voire d’exiger le respect de leurs droits: y aurait-il ja­mais de République sans citoyens? Vous avez été juge d’enfants: vous serez donc sensible à la violence psychologique ex­ercée sur la personne des femmes et des enfants parfois séparés de façon on ne peut plus abusive. En effet, notre journal s’est engagé contre les abus du droit orchestrés par votre ex-homologue ainsi que l’incarcération sans jugement des personnes doublement vulnérables-par l’insuffisance de leur instruction et par leurs humbles origines familiales. Nous sollicitons, par la présente, que jus­tice soit rendue aux enfants de NassabiaAthoumani séparés de leur mère depuis 15 mois, et aujourd’hui dans un état psy­cho-social critique.

Nous sommes convaincus que la loi co­morienne ne peut tout de même pas être diamétralement opposée au bon sens des valeurs islamiques promues par le prophète Mouhammad lui-même, paix à son âme. Ce dernier, en accordant à une femme un délai pour allaiter son bébé avant de lui faire subir son châtiment nous a montré à tous un bon exemple de tolérance et de respect des droits de l’enfant qui mérite de faire jurisprudence. Comment donc ne saurions –nous pas en suprêmement et intimement indignés contre la justice-version Mohamed Ous­seine lorsqu’elle sanctionne sévèrement une mère en période postnatale- sans preuve matérielle établie-, à raison ex­clusivement de ses propos proférés dans un moment de colère désespérée ? C’est ce principe mis à mal de la présomption d’innocence qui nous aura valu de nous faire jeter des cailloux ici et là par des gens qui souhaitent, véritablement, la mort prématurée de notre journal.

Votre compréhension, madame la pro­cureure de la République, nous est à présent plus que jamais très précieuse.

A.NassarSambaouma, le directeur du journal

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